lundi 1 septembre 2008

Confrontation

Un slam un peu spécial, un slam pour trois: En italique, les paroles d'un pessimiste. En gras, celles d'un optimiste. Et les autres, simples, pour un réaliste... Merci à Fred et Guillaume (dit "Boris") de m'avoir accompagné sur scène pour le déclamer!


Confrontation.

Fin d'après-midi, une journée de boulot s'achève.
Le week-end est encore loin, les vacances, un rêve.
Trois hommes rentrent chez eux ; Même histoire, même trajet.
La ressemblance s'arrête là, aux portes de leurs pensées.

Mon frigo est déjà vide, je suis passé dans un hyper'
J'ai à peine de quoi manger, tout est encore plus cher.
J'ai fait des sacrifices, ce soir, c'est buffet froid,
J'ose à peine imaginer la fin du mois...


Qu'est-ce que je vais me préparer? J'en salive rien qu'à l'idée.
J'ai flâné dans les rayons, que de nouveautés !
Je n'ai pas regardé la dépense, vraiment enthousiaste,
Comment être triste avec tous ces fastes?


En rentrant, j'ai fait un détour par le supermarché.
Je crois, c'est vrai, que les prix ont un peu augmenté.
Quitte à dépenser plus, autant que ce soit profitable :
Je me suis pris des articles « commerce équitable ».

Plein de pots d'échap' polluent déjà le peuple par plaisir.
Alors je rentre à pied, pour que ce soit... Moins pire.
Mais c'est long, étouffant, mauvais pour mes poumons,
La toxicité de ma cité... Je râle pas, j'exprime ma déception.


Le trajet jusqu'à chez moi est long, quel beau temps !
Alors je prends mon vélo, ça me fait gagner du temps.
Je double les voitures, je maîtrise le dédale urbain,
Vélo, boulot, dodo, et je sublime mon quotidien.


Pollution, embouteillages, la ville a ses défauts.
Mais ce n'est pas toujours simple de rentrer à pied du boulot...
Je fais un compromis entre rapidité et environnement,
Je prends les transports en commun de temps en temps.

Au coin d'une rue, sur le trottoir, j'ai croisé un exclu.
J'étais trop gêné, croiser son regard, je n'ai pas pu.
Ils sont trop nombreux, ces pauvres gens, à attendre un geste qui ne vient pas.
Mais qu'est-ce que je peux faire? J'ai déjà assez de problèmes comme ça !


J'ai vu un sans-abri, assis devant un porche.
Ma main a senti quelques pièces qui traînaient au fond de ma poche!
Je lui ai données, si vous aviez vu son sourire!
Ce n'était pas grand chose, mais toujours mieux que si c'était pire...


Même ceux qui ont un toit peuvent manquer de temps et d'argent.
Mais de là à feindre l'indifférence, ne peut-on faire autrement?
Je me vois mal faire le tour de la ville pour distribuer une somme modique. 
Mais pourquoi ne pas agir, s'impliquer en politique?

Parlons-en, de ceux-là, vraiment tous des pourris !
Je t'ai repéré, toi le pragmatique, mais là tu seras de mon avis.
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, ils l'ont bien compris,
Votons, votons! Et ça continuera de mal en pis.


Depuis ma majorité, je suis toujours allé voter.
Parfois un peu sceptique, mais l'important, c'est de participer!
Nous sommes une démocratie, on ne peut pas cracher là-dessus,
Vous préfèreriez peut-être que l'on soit gouverné par la rue?


Le système à ses défauts, mais il ne faut pas s'y arrêter.
Ce sont nos erreurs qui nous permettront de nous améliorer.
Face à la dictature, au laxisme, à l'anarchie,
Estimons nous heureux des devises de notre pays.

Je ne sais pas d'où tu sors cette confiance en l'avenir.
L'expérience, une lubie, tout va de pire en pire.
C'était bien mieux avant, et on ne peut rien y faire.
Ma position, c'est le passé, et je ne reviendrai pas en arrière.


Je ne suis pas de cet avis, il faut tourner le dos au passé.
Regardons de l'avant, pour que nos faux-pas soient effacés!
Toujours plus loin, il faut avoir confiance en l'avenir,
Le futur nous promet prospérité, paix et rires!


N'oublions pas notre passé, c'est lui qui a fait le présent.
Mais ne le regrettons pas, utilisons le à bon escient.
L'Histoire nous emprisonne, mais c'est nous qui l'écrivons 
Regardons nos erreurs pour construire l'avenir, et le bon.

Finalement, je suis rentré, et j'ai occupé la soirée à mes affaires.
C'est fou ce que le temps défile, elle a passé en un éclair.
Tout va trop vite, et dans mon lit, je ne trouve pas le sommeil.
Je pense déjà à la prochaine journée de galère qui sera pire que la veille.


Les jours, les années passent à une vitesse effrénée.
C'est exceptionnel: je n'ai jamais le temps de m'ennuyer.
Et si la nuit, je ne peux dormir, je ne me sens pas fatigué.
Je me relève et je lis un livre, pour pouvoir rêver éveillé.


Le discours qu'ils tiennent vous paraît dérisoire?
Il n'existe en effet pas que le blanc et le noir.
Dans l'aventure de nos vies, rien n'est facile, rien insurmontable.
Et je n'arrêterai pas là la morale de cette fable.
Oublier un instant le verre à moitié vide, ou à moitié plein
Pensez qu'il pourrait ne rien contenir du tout, ou alors être rempli.
La fatalité n'existe pas, vous forgerez votre destin,
Aucun des deux n'a tort, un peu de recul les aurait réunis.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai dans la tête trois opinions diamétralement opposées
L'une me dit qu'il est bon, mais bien trop désabusé
Une autre me dit l'inverse, qu'il manque un peu de tempérance
La troisième est impartiale, entre les deux son cœur balance

Des trois au final, je n'en retiens aucune
Je m'suis fait ma propre idée, mes consciences, sans rancune
Et c'est la tête claire que j'ai pensé mon apologue
Ce slam claque, déchire, comme tous ceux écrits dans ce blog.