mardi 2 septembre 2008

Juste un mot

Dans la continuité de "Deux mots, quatre lettres".

Juste un mot

Quand s'arrête un instant ma vie de sédentaire,
Quand j'ai une course à faire, ou juste pour prendre l'air,
Quoi qu'il en soit, quand je sors dans les rues,
Je ne suis pas seul à faire des allers et venues.

Après quelques mètres à fouler le trottoir,
L'esprit léger ou perdu dans mes idées noires,
Je vois s'approcher un passant lambda
Dans quelques secondes, l'inconnu sera face à moi.

Est-ce la peur de troubler la sérénité du déplacement ?
Mais mes pieds ne m'ont jamais paru aussi intéressants.
Quand je relève la tête, l'autre est déjà bien loin...
Pardon ? Vous êtes sûrs qu'il y avait quelqu'un ?

Je ne sais pourquoi s'impose cette indifférence
Alors qu'un simple « Bonjour » n'est pas une invraisemblance.
La peur d'être mal compris et se sentir un peu gêné ?
Alors rester silencieux, entre solitude et liberté...

Mais aujourd'hui, j'ai envie de tenter ma chance
Et peu importe ce que les misanthropes pensent,
Si je croise ces gens pour ne jamais les revoir,
Que la rue devienne forum plutôt qu'isoloir.

Une simple ouverture, bien loin des grands discours,
Un salut rapide, juste un mot : Bonjour !

Les réactions sont alors diverses et variées,
Autant d'attitudes que de personnalités.

En murmurant une réponse, on jette un regard inquiet :
Qui c'est, celui-là, qu'est-ce qu'y va m'demander ?
On fait mine de ne pas avoir entendu, pas avoir compris,
L'indifférence prend le dessus... Pas de réponse ? Tant pis...

Peut-être les traces de l'enfance n'ont-elles pas disparu,
On vous l'a toujours dit, on ne parle pas aux inconnus,
Ou la timidité de l'autre a joué le rôle de cible,
Fébrilement, on vous rend un salut à peine audible.

Mais ça ne s'arrête pas là, la réponse peut-être enjouée,
Et en quelques secondes, on crée une complicité,
Un regard, un sourire, une joie simple est partagée,
Sans un mot de plus, on se souhaite une très bonne journée.

On croise une personne âgée qui nous répond posément,
En un mot on lui traduit tout le respect qu'on a pour elle,
Je lance un « salut » à un gosse de huit ans,
Pour me répondre, enthousiaste, il lève les yeux presque au ciel.

Et même s'ils restent tous et n'importe qui,
L'espace d'un croisement, je m'en fais des amis,
Au coin d'une rue, je salue une jeune femme en souriant,
Flirt inutile et éphémère, et pourtant l'on se comprend.

Mon trajet quotidien semble alors bien plus court,
Ce n'est pas faute de l'avoir dit, mais c'est réellement un bon jour,
Et d'avoir évincé la timidité et l'indifférence,
À peine arrivé, c'est au retour que je pense.

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