lundi 1 septembre 2008

Un long fleuve tranquille...

ette expression, tout le monde la connaît... et après?


Un long fleuve tranquille...


J'ai entendu, un jour, une phrase un peu futile,
Qui dit que la vie est un long fleuve tranquille.
Y'a du vrai, mais j'aimerais mettre des nuances,
Des crues, des rapides, qui font que le bateau balance.

On vient de partir, de larguer les amarres,
Que déjà on stresse, de peur d'être en retard.
Alors on pagaie, moitié dans l'eau, moitié dans le vide,
Sans penser que bientôt arrivent déjà les premiers rapides.

On voudrait freiner, prendre un peu de bon temps,
Mais l'eau s'agite et on fonce dangereusement.
À ça s'ajoutent les crues, c'est une vraie joute navale,
On lutte avec soi-même pour garder le moral.

Après la pluie le beau temps, après les crues la sécheresse.
Le niveau est bas, on peut vite être en détresse.
S'échouer sur le fond, racler contre la terre,
Et pourtant, impossible de faire machine arrière.

Puis l'on gagne un étang, un lieu où l'eau se calme.
On a le temps de réfléchir, pourquoi pas de faire un slam,
C'est un moment important, où il faut faire le point,
Car on est sur le point de se choisir un chemin.

Certains vont accélérer, d'autres faire la planche,
Ou tourner en rond jusqu'à ce que le bateau flanche.
Entraînés par le courant, certains ne choisiront pas,
Mais une chose est sûre, personne ne veut en rester là.

Puis l'on repart, on se pose moins de questions,
Mais le problème vient maintenant de notre embarcation.
Car même sur l'eau, on n'est pas tous à la même enseigne.
Certains ont un moteur pour avancer, alors que d'autres en saignent.

Il y a ceux qui ont des ferries, des bateaux à étages,
Et ceux sur leurs planches qui se renverseront au premier tangage. 
À vous de parier sur le meilleur navire,
Voilier ou vapeur, dans l'espoir qu'ils ne chavirent?

Ferrez-vous le voyage seul, ou prendrez-vous des passagers?
Amis, amours qui pourront prendre le relais,
Prendre la pagaie quand la journée ne sera pas gaie,
Et qui resteront avec vous jusqu'à l'arrivée au quai.

Mais tous ne pourront pas suivre votre cours.
Ils resteront sur la berge, attendant leur tour,
Ou parce que le leur est déjà passé,
Ils rentreront dans les terres, s'éloigneront à jamais.

Tous n'arriveront pas au bout du voyage.
Certains couleront, même dans la fleur de l'âge,
Brisés par un autre navire, ne referont plus surface.
D'autres rejoindront la berge et feront du surplace.

La vie à bord est pas toujours facile, pire qu'un bateau ivre,
On dit « le mal de mer », je préfère « le mal de vivre ».
On ne trouve plus vraiment de raison à avancer,
Pourtant, avons-nous le cran de... reculer?

À contre-courant, ça peut être encore pire,
Peiner pendant des heures, dans l'espoir de repartir,
Repartir à zéro, commencer un nouveau voyage...
Mais tous les efforts sont vains, on ne reverra pas les premiers rivages.

La fatigue se fait sentir, on finit par perdre l'énergie,
On souhaite pourtant voir le quai promis.
Alors on se laisse porter au gré du vent,
Ou on se fait tirer par de plus jeunes gréements.

Et puis il y a l'eau, la dangereuse eau qui dort,
Symbole des premières vies, mais aussi symbole de mort.
Sa masse nous étouffe et la vase nous salit,
Les prédateurs attendent leur tour, dans l'ombre tapis.

Tout a une fin, et ce long fleuve aussi.
C'est en se jetant dans la mer qu'on pense finir sa vie.
Mais à l'arrivée, ce sont des chutes d'eau, une fin plus brutale,
Ou le courant est si fort qu'il en devient fatal.

Je vais vous laisser, pour l'heure l'eau est calme.
Je reprends mon voilier, un peu de vague à l'âme.
Je suis un peu anxieux, j'espère que le voyage sera sûr,
Et surtout, qu'il ne se fera pas à vive allure.

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