mercredi 3 septembre 2008

Correspondance

Correspondance


De vagues sensations qui deviennent des sentiments,
De ceux qui troublent l'esprit, qui s'amplifient avec le temps.
Le temps; mais combien en reste-t-il?
S'imaginer tout cela n'est-il pas seulement futile?

Pour apprendre un jour ce qu'on savait déjà,
Les voies se font, se défont et s'écartent,
Pas d'autre issue possible, mais on n'en doutait pas,
On s'est juste pris à rêver, avant que l'espoir ne parte.

Ce n'est pas s'être brûlé après avoir pris son envol,
C'est ne pas avoir eu le temps de confectionner les ailes.
Sans savoir quoi ressentir, demeurer au sol,
En se disant que de là-haut, la terre doit être belle.

C'est comme une lettre qu'on ne sait pas comment achever,
Les mots se bousculent mais ne peuvent pas rester,
Ce ne sont pas des remords, ce ne sont pas des regrets,
Mais le sentiment que tout est fini avant d'avoir commencé...

Si ces quelques souvenirs sont désormais un tout,
Alors continuer à écrire, pour les garder jusqu'au bout.
Mais quand vient le paraphe, la réalité se montre,
La vie semble n'avoir duré que le temps d'une rencontre.

C'est comme une lettre qu'on souhaiterait ne pas achever,
Pour dire toujours plus, écrire le fond de nos pensées,
Et garder l'espoir que pour les années à venir,
Il reste toujours des faits nouveaux qu'on puisse écrire.

C'est comme une lettre qu'on souhaiterait ne pas achever,
Car il ne restera rien, quand elle sera postée,
Et vouloir placer un post-scriptum pour faire encore durer le tout,
Même si quelqu'un l'a déjà fait, PS: I love you.

Gueule de bois

Gueule de bois.


Le jour s'est levé, et tant bien que mal j'me réveille.
À peine quelques secondes, et viennent les souvenirs de la veille.
Que la nuit ait été courte ou un repos bien mérité,
Ces matins-là, l'envie n'est vraiment pas à se lever.

C'était peut-être une soirée en boîte, où on s'est complètement lâché,
Ou le concert d'un groupe en vogue, dont le talent nous a scotché.
Un après-midi tranquille, des retrouvailles très attendues,
Un moment simple d'intimité, où le temps ne comptait plus.

C'était peut-être un projet de longue date, une aventure qui aboutit,
Ou un délire complice, avec une bande d'amis.
Ça n'a duré que quelques heures, ou jusqu'au bout de la nuit,
Soirée hebdomadaire, ou qu'on ne connaît qu'une fois dans sa vie.

Mais voilà, c'était hier, ça s'est achevé il y a plusieurs heures.
Mais l'esprit y est toujours, tout autant que le cœur.
C'est une douleur latente qui suit ces instants exceptionnels,
Mes pensées se perdent... J'ai la gueule de bois émotionnelle.

Il faut se faire à cette idée, c'est bel et bien terminé,
Alors qu'il traîne dans ma tête un amer goût d'éternité.
Pas vraiment de la nostalgie, non, c'est plus compliqué,
Passer tout de suite à autre chose, difficile de s'en contenter.

Une seule chose est claire, il faudra remettre ça !
Il y en aura une, mais on ne connaît pas la date de la prochaine fois...
Difficile de tenir, face à cet avenir incertain,
Un jour bien fixé aiderait sûrement à être plus serein...

Et s'il fallait attendre des mois, voire des années ?
C'est à ce moment que naissent les quelques regrets...
Me suis-je assez donné, ai-je assez profité ?
Je ne m'en rends pas encore compte, mais j'ai peut-être tout raté...

Remise en cause futile, car tout allait pour le mieux,
Je réfléchis trop ? Mais non, si peu...
Peut-être ces doutes, peut-être ce questionnement,
Ne sont encore que les moyens de faire durer l'événement...

Continuer à y réfléchir ne fera pas beaucoup de bien...
Mais a-t-on seulement l'envie de revenir au quotidien ?
Alors qu'on pense encore aux meilleurs souvenirs,
On oublie dans le travail, la musique ou peut-être pire...

Il faut avancer, pourtant, alors on prend sur soi...
...après avoir ouvert son agenda pour y trouver la prochaine fois.

Acrostiche

Un petit acrostiche, sur une idée de Q.R.: un acrostiche d'acrostiche... Les rimes de fin de vers sont les mêmes de haut en bas et de bas en haut, il y a un petit quelque chose de palindrome...


A la facilité, il ne faut pas céder :
Contraintes imposées, autre motivation,
Réussir à quitter le dédale créé,
Oulipien ou ne pas être, telle est la question.
Se retrouver au pied du mur, sans issue,
Trouver un détour et reprendre le dessus.
Il faudra faire preuve d'imagination,
Chaque nouveau vers pourrait nous faire sombrer,
Haletant, nous saurons accomplir la mission,
Et n'attendrons qu'une chose : recommencer.

Ce soir

Ce soir

Depuis quelques temps, mes textes, mes slams sont plus sérieux,
Les thèmes choisis ne sont pas les meilleurs pour faire rire.
Peut-être l'âge, je pense que c'est l'époque qui le veut,
Où se mélangent encore passé, présent et avenir.

Si choisir son chemin à un carrefour est important,
Faut-il rester indifférent aux itinéraires délaissés ?
On peut suivre de loin ceux qui les ont préférés,
Et jeter un œil au-dessus de son épaule, en direction du bon vieux temps...

Une fois n'est pas coutume, pas de plan pour ce texte-ci,
Ce soir, j'écris, seul, ce que mes pensées veulent bien laisser glisser.
Journal intime, journal d'un Tim, si je le partage aujourd'hui,
C'est peut-être parce que c'est de Vous qu'il parle, de loin ou de près.

Vous, qui êtes un jour partis loin, pour ne revenir que rarement.
Cela fait plusieurs années, ou quelques semaines seulement.
Peut-être même avons-nous toujours été éloignés,
La distance amène toujours quelques difficultés...

Vous, qu'on sait tout proche, mais dont les nouvelles se font rares,
Je ne me fais pas trop de souci, il y a des occasions de se revoir,
Mais le doute plane, les évènements peuvent nous échapper,
Et si la dernière fois était déjà passée ?...

Vous, qui ne quittez jamais tout à fait mes pensées,
Nos chemins se croisent à nouveau, et ce très souvent.
Si la peur s'efface quand renaissent nos complicités,
Elle sait s'immiscer à nouveau, quand le silence se fait pesant.

Vous, qui êtes toujours présents, jamais très loin,
L'improvisation garde son charme particulier,
Si des occasions, il y en a un peu moins,
J'espère que l'on saura toujours comment les exploiter.

Vous, qui êtes là depuis peu, et pourtant si longtemps,
Les bases sont jetées ; seront-elles fortifiées ?
L'espoir est permis, ce n'est que le commencement,
Les rencontres nous enrichissent, comment en douter ?

Et même si, dans le fond, il n'y a pas à s'inquiéter...
J'en suis sûr, maintenant, Vous me l'avez prouvé.
Profite du jour présent, de ceux à venir, de tous ces moments-là,
Je sais qu'il y en aura d'autres, Vous pouvez compter sur moi.

Impulsion

Un slam écrit en quelques minutes... vous comprendrez pourquoi en y jetant un oeil.


Impulsion

J'ai envie de slamer, j'ai envie de claquer des mots,
Tout de suite, maintenant, succomber à la tentation,
À l'aveuglette, sans réfléchir, je suis dans le bon tempo,
Me laisser guider par ma plume et mes émotions.

Pas besoin d'un plan ou d'un quelconque brouillon,
Pour une fois, le pêcheur d'idées n'aura pas d'hameçon.
Je veux que mon esprit puisse librement vagabonder,
Qu'il attrape simplement les mots à sa portée.

Comment la page blanche peut-elle être une angoisse ?
Quand la motivation est là, les mots arrivent d'eux-mêmes.
Ma transe me transcende, mes idées me dépassent,
Les rimes s'imposent quand la vie devient poème.

Car c'est bien ce but, l'espace d'un instant,
Oublier tout le reste, se consacrer aux vers,
Et sous mes yeux, peu à peu, dans ce texte naissant,
L'univers est ma pensée, ma pensée est l'univers,

Je suis soudain créateur d'un monde qui est le mien,
Ou qui en est bien loin, mais je forge son destin,
Peu importe les échecs, les problèmes de la vie courante,
Je suis le maître de ce slam, et pour le moment je m'en contente.

Je placerai bien une vanne, ou un jeu de mot laid,
Mais celui-là est trop connu, je ne suis pas satisfait,
Mais si je dois me creuser la tête, la magie disparaît,
J'veux y aller au feeling, j'veux slamer pour de vrai.

Bien sûr, je ne renie pas les grandes réflexions,
Mais chaque chose en son temps, les métaphores attendront,
Quand j'effectuerai un autre travail de fond,
J'y trouverai du plaisir, pas de doute sur la question.

Mais il faut savoir se laisser aller, larguer les amarres,
Je prendrai du recul quand mes idées seront noires.
Si mon humeur est à la spontanéité,
Lâchons un peu de lest, et laissons nous aller !

Si vous trouvez slamentable qu'un slameur s'lâche comme ça,
S'lamenter vous toujours, il ne s'en lassera pas,
La situation n'est pas à la précipitation ou à la naïveté,
Mais plus que de raison, à l'évasion, la légèreté.

Et voilà qui défoule et qui détend à la fois,
Une expérience unique, j'en garderai la foi,
Laissez-vous tenter, vous n'en reviendrez pas,
Trouvez un peu de temps, et puis on remet ça !

A qui le tour?

Invitation...

A qui le tour?


Toi qui lis ces lignes, ou entends ces quelques vers,
Cette fois, c'est à toi et à toi seul que je m'adresse.
Je n'ai pas d'ordre à te donner, ne te crois pas tenu en laisse,
Juste un conseil, celui d'un frère plus qu'un expert.

Si tous les jours de la vie sont pour toi un bon prétexte,
Pour parler pendant des heures sur tel ou tel sujet,
Pour donner ton opinion et aux autres te confronter,
Alors noircis une feuille, on attend tes propres textes.

Si tu en as sur le cœur, que tu sens que brûle ta flamme,
Quand tu veux crier ta peine, ta haine ou ta joie,
Ce qui te donne les larmes aux yeux ou ce qu'il faut montrer du doigt,
Pour canaliser tout ça, rien de tel que le slam.

Si tu penses à cent à l'heure, mais que ça ne sort pas,
Un avis sur tout, mais tu as peur de le donner,
Pour faire le premier pas, et enfin partager,
Pense à cet Art qui, j'en suis sûr, t'aidera.

Si tu aimes la scène et ses troublantes sensations,
Quand le public t'écoute et ne te lâche pas du regard,
Sentir la pression monter, et redescendre quand tu démarres,
Mais que tu ne ressens cela qu'en de rares occasions,

Pense à ces scènes ouvertes, à ces soirées entre amis,
Pas besoin de costume, d'une longue organisation,
Une seule chose à connaître, ta propre création,
Viens claquer des mots et céder à ton envie.

Si ton imagination déborde, que tes pensées fusent
Mais qu'elles partent dans tous les sens, sans trop savoir qu'en faire,
Pour y mettre de l'ordre et y voir un peu plus clair,
Pose tes idées sur le papier et tu sauras trouver ta muse.

Et même s'il n'en est rien, si ce n'est pas le cas,
Mais que tu gardes les yeux ouverts, sur le monde, le présent, l'avenir,
Que tu fuis l'indifférence mais sais ressentir,
Si tu sais être en vie, le slam te tend les bras.

Acrostiches de prénoms

Encore deux!


Si il fallait un jour revenir en arrière...
Un départ, un changement, car rien n'est figé.
Zigzags de vies, certes, mais les points sont reliés.
A cette idée, séparés, il faudra se faire.
N'en oublions pas pour autant tous ces instants,
Nous garderons ces souvenirs, si importants,
Et l'espoir qu'un jour nous en créerons de plus chers.



Faut-il toujours cravacher, sans penser à soi ?
Rêve de pause et de détente, juste une fois.
Etre libre, espérer juste quelques instants,
De vider son esprit, oublier le présent.
Et quand le temps offre la vie à cette envie,
Rien d'autre qu'un terrain de sport ou un salon,
Iront jusqu'à évincer l'idée d'un ennui,
C'est entre amis que les loisirs deviennent passion.

Acrostiches de prénoms

Pour ceux-ci... "Private Joke". Pas de problème, je me doute que la partie anglaise du second ne veut pas dire grand chose...

Réunir force, courage et endurance,
Eblouir le terrain, raquette entre les mains,
Mettre tout son cœur pour que le volant danse,
Illuminer son jeu pour gagner sur la fin.





Bien, bien, bien,
Outre le gel, c'est la vodka
Russie profonde, c'est ça ou rien
Insensibles, on quitte le froid
Soûlés dans l'état Sybérien.

Well, well, well
Out of the cold, there's alcool
Russian, nothing else you'll smell,
Marvelous, we leave the cold !
Sing, my friend, and jingle bells !

Acrostiches de prénoms

D'autres acrostiches, aux thèmes plus personnels.

Accablé par les nombreux problèmes quotidiens,
Nous faiblissons mais sans jamais savoir quoi faire.
Naissant de la surpuissance d'un important lien,
Emerge un sentiment qui notre vie éclaire.

Ne se contrôlant pas, mais bien nous contrôlant,
Organisant nos jours et nous réunissant.
Tout ce que notre cœur peut, en soi, espérer,
Tient en cette vitale notion qu'est l'amitié.
Elle crée des liens tout au long de notre route,
Réchauffant nos cœurs dans les moments de doute.





Bien que le temps coule et que les années passent,
En mon cœur il est un nom qui reste gravé.
Ni les rires ni les souvenirs ne s'effacent
Jamais, jamais ce complice je n'oublierai.
Ami sincère sur lequel on peut compter,
Mais que dire quand il se conjugue au pluriel !
Il y a alors tant de joie à partager,
No panic, les gars, l'amitié est éternelle !

Acrostiches de prénoms

Une petite série d'acrostiches de prénom. Ceux-ci jouent sur le sens du prénom en tant que nom commun. Pas de jaloux, si vous voulez qu'il en soit de même pour le vôtre, je ferai mon possible!

Au loin, à l'horizon, à l'extrême de la Terre,
Une lumière intense perce à travers la nuit.
Rapidement elle annonce le lever solaire,
Où le Soleil va luire pour relancer nos vies.
Rayonnant, il va dans l'instant se révéler,
Et voilà qu'au chant du coq l'Aurore apparaît.





Chaque faute ne peut, en soit, perdurer.
Les erreurs se doivent d'être pardonnées.
En se repentissant, disparaît la colère
Mettant à neuf les relations ébranlées.
Etant donné que sur notre Terre entière
Ne nécessite une faute regrettée
Cette qualité qui nous offre le pardon
Et réunis les êtres, la Clémence est son nom.





Lumière et divinité :
Union logique et très représentée.
Celle qui éclaire la Terre
Instaurée en effet depuis l'espace stellaire.
En ce dernier, qui surmonte nos demeures,

Celui-là même qui définit l'Aurore,
Est envoyé un éclat bienfaiteur,
Lui qui peut réchauffer nos corps.
Et cette puissante luminosité,
S'installant quotidiennement depuis l'Est,
Tient la vie hors de l'obscurité,
Eclairée par cette lumière céleste.





Hasard, volonté, on se trouve parfois seul.
Et dans ces moments où la vie n'a pas de sens,
Renfermés, perdus, vides de toute espérance,
Viendra une main tendu, un geste et un seul
Et celui qui la tend, un ami, une chance.

Crépuscule

Un autre sonnet-acrostiche.

Caresse de la nuit sur le jour fatigué,
Repris par l'obscurité, le soleil s'enfuit.
Etendue sombre qui recouvre les contrées,
Pareille à la mort, ainsi s'installe la Nuit.
Un mystère se pose éternel et fatal.
Sus à la Lumière ! Offrez l'obscurité !
Ce jour récemment naquit, qu'a-t-il fait de mal ?
Une aurore encor jeune mais déjà passée.
L'idée est ainsi : La nuit va-t-elle partir ?
Emu par l'injustice, le jour va-t-il venir ?

Au destin de choisir si tout n'est pas fini.
Une heure passe et une à une toutes s'enchaînent.
Brisante est l'horreur, quand encor la nuit se traîne,
Et fort l'espoir, quand l'aube ses droits a repris.

mardi 2 septembre 2008

Juste un mot

Dans la continuité de "Deux mots, quatre lettres".

Juste un mot

Quand s'arrête un instant ma vie de sédentaire,
Quand j'ai une course à faire, ou juste pour prendre l'air,
Quoi qu'il en soit, quand je sors dans les rues,
Je ne suis pas seul à faire des allers et venues.

Après quelques mètres à fouler le trottoir,
L'esprit léger ou perdu dans mes idées noires,
Je vois s'approcher un passant lambda
Dans quelques secondes, l'inconnu sera face à moi.

Est-ce la peur de troubler la sérénité du déplacement ?
Mais mes pieds ne m'ont jamais paru aussi intéressants.
Quand je relève la tête, l'autre est déjà bien loin...
Pardon ? Vous êtes sûrs qu'il y avait quelqu'un ?

Je ne sais pourquoi s'impose cette indifférence
Alors qu'un simple « Bonjour » n'est pas une invraisemblance.
La peur d'être mal compris et se sentir un peu gêné ?
Alors rester silencieux, entre solitude et liberté...

Mais aujourd'hui, j'ai envie de tenter ma chance
Et peu importe ce que les misanthropes pensent,
Si je croise ces gens pour ne jamais les revoir,
Que la rue devienne forum plutôt qu'isoloir.

Une simple ouverture, bien loin des grands discours,
Un salut rapide, juste un mot : Bonjour !

Les réactions sont alors diverses et variées,
Autant d'attitudes que de personnalités.

En murmurant une réponse, on jette un regard inquiet :
Qui c'est, celui-là, qu'est-ce qu'y va m'demander ?
On fait mine de ne pas avoir entendu, pas avoir compris,
L'indifférence prend le dessus... Pas de réponse ? Tant pis...

Peut-être les traces de l'enfance n'ont-elles pas disparu,
On vous l'a toujours dit, on ne parle pas aux inconnus,
Ou la timidité de l'autre a joué le rôle de cible,
Fébrilement, on vous rend un salut à peine audible.

Mais ça ne s'arrête pas là, la réponse peut-être enjouée,
Et en quelques secondes, on crée une complicité,
Un regard, un sourire, une joie simple est partagée,
Sans un mot de plus, on se souhaite une très bonne journée.

On croise une personne âgée qui nous répond posément,
En un mot on lui traduit tout le respect qu'on a pour elle,
Je lance un « salut » à un gosse de huit ans,
Pour me répondre, enthousiaste, il lève les yeux presque au ciel.

Et même s'ils restent tous et n'importe qui,
L'espace d'un croisement, je m'en fais des amis,
Au coin d'une rue, je salue une jeune femme en souriant,
Flirt inutile et éphémère, et pourtant l'on se comprend.

Mon trajet quotidien semble alors bien plus court,
Ce n'est pas faute de l'avoir dit, mais c'est réellement un bon jour,
Et d'avoir évincé la timidité et l'indifférence,
À peine arrivé, c'est au retour que je pense.

Poussière du temps

Un slam inspiré par une citation, que vous retrouverez à la fin du texte.

Poussière du temps


Les heures, les jours, les mois, les années passent.
Certaines choses perdurent, et d'autres s'effacent.
Et quand je vois tous ces évènements qui se succèdent,
J'ai envie de poser ces mots, comme un appel à l'aide.

S'il y a une chose qu'on apprend à ses dépens,
C'est que l'on ne cesse jamais de voyager dans le temps.
Et si c'est en sens unique que l'on emprunte la route,
Ces pérégrinations sèment en moi quelques doutes.

En continuel changement, on apprend pour grandir,
C'est alors soi-même qu'il faut apprendre à connaître,
Pour pouvoir évoluer, ou cela va-t-il finir ?
Pour oublier qu'on va mourir, faut-il toujours renaître ?

Chaque jour peut donner de nouveaux enseignements,
« Se coucher moins bête le soir » est l'affaire de chaque instant.
Et si la vie est aussi faite de souffrance et de remords,
Paraît-il, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Mais si tout évolue, que puis-je retenir ?
Finira-t-on un jour notre apprentissage ?
C'est en avançant, dans la vie, dans les âges,
Qu'il faut se retourner vers le passé et essayer d'y lire.

Je crois y apercevoir ce qui a fait mon présent.
Ces étapes sans lesquelles aujourd'hui, je serai différent.
L'optimisme me gagne alors, et je vois de l'avant,
J'ai envie d'apprendre toujours plus, de voir toujours plus grand.

Mais est-ce vraiment utile, de vouloir aller plus loin ?
Pour être un jour heureux, l'âge ne fait rien.
Expérience, sagesse, ne sont-elles pas innées,
Quand la valeur n'attend pas le nombre des années ?

Alors je reste perdu, dans ces pensées contradictoires.
Et rendons à Jules ce qui est à Renard :
Quand viendront les « cheveux blancs, poussières du temps »,
Nous laisserons la vie juger de la valeur de cet argent.

J'ai vu...

Retour au slam!

J'ai vu...


Ce matin j'ai vu le monde, sur cet écran carré,
Et j'ai bien l'impression qu'il ne tourne plus si rond.
Pareil dans le quotidien, presque aussitôt jeté,
De tout cela, je ne tire qu'une conclusion

J'ai vu des images de guerre, et son cortège de larmes,
Des luttes fratricides et l'éternel trafic d'armes,
Des gens qui par le feu ou par une simple lame,
Sans trop savoir pourquoi, fauchaient tant et tant d'âmes.

Dans des bouquins d'histoire, j'ai vu l'horreur passée,
Le devoir de mémoire a aussi sa face cachée.
Je doute qu'en ces temps-là l'homme existait encore,
Seul le Mal aurait pu planter ce décor.

J'ai vu des drames familiaux et de la violence verbale
Dans ces nouveaux JT qui ne jurent que par le scandale.
Souhaitent-ils réveiller l'Adversaire ou bien nous faire peur ?
Seule une mauvaise pitié peut naître par les pleurs.

J'ai vu des gens dormir dehors mais faire la une des journaux
Mais les passants, très occupés, leur tournent encore le dos.
Toute la compassion du monde ne les nourrira pas
Et la mauvaise conscience ne les sauvera pas.

J'ai vu des sièges voler et des gaz lacrymogènes,
Des sportifs qui quittaient le stade sous les fumigènes.
Et le terrible spectacle n'est pas que dans les gradins
Les mauvais coups sont monnaie courante à même le terrain.

Même moi, j'ai slamé sur l'indifférence,
Les questions de tous les jours et leur manque de pertinence,
J'ai slamé la faiblesse et le manque de volonté
Et les méandres de la vie qu'on préférerait éviter.

Alors...

Alors ça suffit! Je veux passer à autre chose.
Le verre à moitié vide, je crois que j'en ai ma dose.
Voir le bon côté, être un peu optimiste,
Il y a d'autres faits dont on peut faire la liste.

J'ai vu des scènes de joies, de bonheur et d'allégresse,
Des scènes de retrouvailles où enfin cesse la détresse.
Et si dans ces moments c'est la faiblesse que l'on voit,
Je préfère pleurer de joie que rire de mauvaise foi.

J'ai vu des réconciliations se faire après des années,
La flamme de la guerre s'éteindre, elle n'est pas faite pour durer.
J'ai vu des trêves, des pardons, de la fraternité
Là où la Mort pensait déjà avoir triomphé.

J'ai vu les petites joies qui ponctuent toute vie,
Celles qu'on ne voit pas et qui n'ont pas de prix
Faites de sourire, de si peu, de rien de trop,
Qu'on entrevoie parfois au 13h de Pernaut.

J'ai vu des gens donner sans cesse leur temps
Pour se rendre là où on a besoin d'une main qui se tend.
J'ai vu qu'il était possible, pour les autres de se donner,
J'ai vu l'humanité avec une canne et un béret.

J'ai vu des gens que le fric n'intéressait pas
Et des sportifs qui n'ont jamais fait un faux-pas.
De ceux qui ne sont pas fair-play pour faire plaisir à la fédération
Mais croient aux valeurs du ballon ou du guidon.

Et j'ai entendu chanter la paix et l'insouciance,
J'ai vu la force de la volonté et des différences,
J'ai entendu slamer qu'il n'y a rien de plus beau que l'amitié
Et que certains liens sont faits pour ne jamais être brisés

Alors j'ai vu l'avenir, et j'y ai vu l'espoir
J'ai vu des portes ouvertes et les moyens d'y croire
Ouvrez les yeux, et vous verrez aussi,
Peut-être avant toute chose, si vous en avez envie.

Incendie


Un sonnet acrostiche...

Il est une angoisse qui me hante toujours.
Ni solitude ni mort ne me font plus peur,
Car sans les éteindre elle ôte la joie aux jours
Et ne laisse aucune chance de temps meilleurs.
N'espérez pas l'éviter s'il vient à vous,
De tous prédateurs, le feu est le plus cruel.
Il effacera votre passé, tuera tout,
Et devant sa torture, vous choisirez le Ciel.

Feu Assassin, tu ne laisses aucun espoir.
Les souvenirs, les valeurs, et jusqu'au pouvoir,
Adieu, l'Incendie ne me laisse que des cendres
Mais tel le Phénix nous essaierons d'y renaître :
Même sans repère continuent avoir et être,
Et la pluie effacera le mal sans attendre.

Anticonstitutionnellement

J'ai retrouvé cet acrostiche dans mes brouillons! J'aimerais avoir votre avis... La construction, du fait de la longueur, est assez spéciale: Quatre quatrains puis trois tercets.



A chaque chose on trouve une finalité.
Naître ou partir, démarrer ou recommencer
Toucheront à leur fin, emportés par le temps,
Idée fatale : remplacé par le suivant.
Celui-ci a moins bonne réputation.
Oubli, disparition, mort ou désillusion
N'hésiteront pas à s'immiscer dans la vie,
Sapant le moral, ainsi tout sera fini.
Tout ne se résume pas à ces quelques mots.
Il n'existe pas que cette route tracée.
Terrifiés, pensant que la vie va s'achever,
Un espoir : vivre chaque jour comme un nouveau
Telle est la solution, à portée de pensée :
Il n'existe pas que le début et la fin.
On profite de tout, sans penser à demain,
N'utilisant notre temps que pour vivre, aimer.
Nul n'en doutera, la vie est quand même grande,
Et si à son terme, le glas il faut qu'on entende,
L'existence sera remplie et exploitée.
Le mot à dix syllabes qui sert ce poème,
Est, un fait remarquable, sensiblement de même.
Mieux que tous les autres, sa fin est retardée.
Et sa vie, belle, intense est remplie par mes mots.
N'existant que pour lui, ce qui les rend plus beaux,
Tout comme le reste ces vers vont s'achever.

Ode

En hommage à deux musiciennes de talent...



Ecouter ce son qui rappelle le passé,
Discerner sans mots ni gestes des émotions,
Wagner, Mozart, comme Piaf et Léo Ferré,
Illuminer la vie par piano ou violon.
Ne riez pas, c'est une force supérieure,
A tout moment la musique adoucit les mœurs.

Elle nous accompagne et souvent nous soutient,
Tenant le silence à l'écart pour notre bien.

Ode à la joie ou encor ballade entraînante,
C'est à chaque instant qu'elle partage nos vies
Traits de guitare, salsa, slow ou R'n'B,
Au plus profond de nos cœurs, elle nous enchante.
Vrai art qui ne peut se comprendre mais se vit,
Irréellement, la musique nous conduit
Accompagnant nos heures et les rendant vivantes.

Primé à La Rochelle en 2006.

Le défi de Gritchka

Retour vers la poésie, mais pas urbaine: voici quelques acrostiches! Celui-ci est un défi lancé par un ami...


Le Défi de Gritchka.

Un jeune prodige écrivait des acrostiches
Les noms de ses amis y passaient tour à tour.
Mais un quidam oublié cria au pastiche:
Des prénoms, il n'utilisait que les plus courts.
Le délaissé lui lança alors un défi,
Celui de son nom, Gritchka Korzeniowsky.


Garnement, tu doutes de mes capacités?
Retiens que je ne refuse aucun défi.
Il est possible que je mette du temps, mais
Ton épreuve sera écrite avant minuit.
C'était futile de vouloir me piéger!
Ha! C'était, tu sais, vraiment très mal me connaître:
Kalos Kagatos! Comme dans l'Antiquité,
Au pied près, ma réponse va bientôt naître.

« KC » je t'ai, car c'est déjà deux cinquièmes
(Oh, et ce n'est pas près de s'arrêter, crois-moi)
Réussis -facile- pour faire ce poème,
Zébu, z'ai bu soif oui, mais j'écris, j'y crois, moi.
Elémentaire, j'enchaîne mes phrases et vers,
Ne me préoccupant pas de tes lettres-pièges.
Il en est néanmoins qui sont vraiment sévères,
On y vient d'ailleurs, je m'accroche à mon siège.
Wonderful! Je vais quand même les surmonter.
Sérieux, c'est en beauté que je vais conclure,
Knock out, dans les vapes je t'ai fait tomber,
Y'a aucun problème, j'ai gagné, à coup sûr.

Primé à Bordeaux en 2007.

Souvenirs

Nostalgie... Un texte court mais qui en dit long.


Souvenirs.

Je me souviens parfois de cette époque révolue.
On passait nos récrés à jouer dans la cour.
Trois billes et des cartes offraient des jeux inattendus,
Le Bac c'était pour « les Grands », y serions-nous un jour?
Notre esprit était libre, on pouvait vivre au présent.
On comptait sur une main ce qui ôtait notre plaisir.
Nous grandirons un jour. Mais quand?
Ce n'est pas possible, ça n'peut pas finir.

On a passé le cap, on travaille un peu plus,
On passe du temps entre potes, ou seul à bosser.
L'indépendance ne passe encore que par le vélo ou le bus.
Ceux qui ne lancent pas leur crise vont peut-être s'enfermer.
On s'intéresse plus à son image qu'à son avenir...
Ce n'est pas possible, ça n'peut pas finir.

Et puis un jour, on sent la fin de l'étape.
On s'invente des liens, des repères où on se rattrape.
Les garçons ont tout fait pour s'affirmer,
Les filles ont trouvé les ficelles de la féminité.
On veut, on croit grandir.
Ce n'est pas possible, ça n'peut pas finir.

On cherche quelque chose où pouvoir se raccrocher.
On se dit que la monotonie de sept ans doit être brisée.
On essaie de conserver une confiance en l'avenir.
Ce n'est pas possible, on n'peut pas oublier ces souvenirs...

Sous les Pavés, le Plage


Une petite histoire policière slamée... Pour les amateurs, j'ai rédigé la version "romancée".


Sous les pavés, la Plage.

Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui mon histoire,
Ne sera pas qu'un slam mais bel et bien un polar.
Un récit incongru où le crime va payer,
Va se payer la tête de bras cassés aux mains armés.

La scène n'est pas lointaine, près de l'ancienne place Stan',
Avec peine les travaux s'traînent, ici les pavés stagnent.
Stop! Le lieu du crime sera le musée des beaux-arts,
Pas par hasard, deux malfrats y mettront le bazar.

Dans les cafés, ils préparent leur coup de longue date.
Aucun n'a cafté, il ne faut pas que l'affaire éclate.
Mais aujourd'hui le temps presse, les travaux vont s'achever,
C'est pourtant eux qui permettent à l'affaire d'être étouffée.

De nuit, ils veulent s'introduire dans le musée.
On ne badine pas avec l'Art, aurait pu dire Musset.
Ils voleront un tableau, et sortiront en douce,
Espérant que l'affaire ne fera pas trop de secousses.

Ils ont prévu une parade, pour en sortir indemnes.
Pas une cavalcade, ils ont un peu la flemme.
Ils laisseront traîner leur trésor dans un trou des travaux,
Pour venir le reprendre quand sera oublié le vol de tableau.

Et le grand moment est enfin arrivé !
L'un fait le guet, les yeux sur sa montre rivés.
L'autre apparaît, le sac rempli, à la dernière seconde.
L'alarme retentit ; Ils enterrent leur butin comme dans une terre féconde.

Les mois s'écoulent, les bandits laissent le temps passer.
C'est le printemps ; le fait divers est déjà oublié.
Mais les travaux touchent à leur fin, c'est l'heure pour les voleurs,
De réapparaître discrètement pour reprendre leurs valeurs.

Un événement inattendu vient pour tout entraver.
Il y a peu, des petits plaisantins ont volé des pavés.
Partout sur la place, policiers empêchent une perte de plus.
Il faut se rendre à l'évidence, ce tableau, ils ne l'approcheront plus.

Cette petite vue de bord de mer, qui vaut quelques millions,
Cette plage encadrée qu'ils ont volé à la sueur de leur front.
Leur est retirée, à cause de petits garnements,
Qui ont tout fait rater : y'a pas de justice, vraiment.

Ces deux-là traînent toujours dans les bars, les cafés.
Ils ne tentent plus rien, restent avec leurs regrets.
En repensant à leur malchance, ils sont verts de rage,
À l'idée que se trouve encore sous les pavés, la Plage.

Demain, J'arrête

Parfait exemple du slam "écrit sur un coup de tête": Je m'arrête sur l'expression, j'ai envie d'écrire dessus... Vingt minutes plus tard, le texte était écrit!


Demain, j'arrête.

Mes doigts s'approchent fébrilement et écarte le papier.
Je ne l'ai pas saisie que déjà elle semble m'échapper.
Quand enfin je la prends, la seule chose qui me reste,
Est mon regard qui ne cille pas ; Je ne peux plus faire un geste.

Le mal comme le bien est à portée, c'est une question de centimètres.
Ma volonté s'enfuit, suis-je encore vraiment mon maître?
Finalement je la porte à mes lèvres, et j'allume cette cigarette.
Ce dernier mégot. Promis, demain j'arrête.

J'ai passé la journée seul, mais je ne m'en porte pas plus mal.
Pas mieux non plus, mais dans le fond, ça m'est égal.
On m'a tendu la perche, mais c'est tellement simple de se taire.
Je fuis les autres, bien isolé sur ma Terre.

Je vis dans mes souvenirs, mon esprit part à la dérive.
Je repense à ces moments où j'aurais pu dire « Oui, j'arrive ».
Mais où timidité, lâcheté et orgueil m'ont fait choisir la simplicité.
De la solitude, pardon, je voulais dire tranquillité.

Je les envie, pourtant, ces gens qui sont toujours ensemble.
Vaudraient-ils mieux que moi? Pas sûr, il me semble.
Pourquoi rester là comme si je faisais la tête?
Marre d'être introverti. Promis, demain, j'arrête.

Depuis une semaine, les feuilles s'accumulent sur mon bureau.
Ce n'est pas possible, j'ai trop de travail sur le dos.
J'ai trop de responsabilités, je sens que je vais saturer.
Et si on y ajoute les services et ce qui traîne dans mes pensées...

Au fond de moi, je sais que je ne peux pas tenir.
Je dois prendre ma journée pour me détendre et réfléchir.
J'ai besoin de prendre l'air, j'ai besoin de fête.
Ma flemme ne durera pas. Promis, demain, j'arrête.

Je me sers d'eux, je les ai dupés, je leur ai menti.
Avec un ami comme moi, on n'a pas besoin d'ennemis.
J'ai tellement retourné ma veste qu'elle en est usée.
Mais je m'en fiche, j'ai aussi la confiance du couturier.

Ah ! S'ils savaient que mes sentiments sont tous faux.
Egoïsme et méchanceté restent mes moindres défauts.
Je leur fais du mal? Ils ne relèveront pas la tête?
Alors soit, je compatis. Promis, demain j'arrête.

Mais c'est fou, demain, j'ai beaucoup trop à penser !
Je ne pourrai jamais, je crois que je vais devoir repousser.
De toute façon, je n'ai pas de quoi m'en faire.
J'ai tout mon temps, tant que demain reste un nouvel hier.
La procrastination, c'est bon sept jours sur sept,
Mais il ne faut pas en abuser, promis, demain j'arrête.

L'Oasis

Volontairement plein de clichés, un texte écrit pour une exposition sur la campagne. On y trouve également des références à d'autres chansons ou à des citations, que je vous laisse découvrir...


L'Oasis.

Au hasard d'un chemin, ma voiture, je l'ai laissée.
Pas voulu polluer ce pays déjà peu peuplé.
Je vous invite à me suivre, je ne sais pas encore trop où,
Venez, même si ça vous gêne de marcher dans la boue.

Je ne suis pas venu vous faire l'éloge, ni l'hymne de nos campagnes,
Juste partager la douce transe qui dans cette douce France m'accompagne.
Pas de touaregs dans ce désert vert,
Les champs remplacent les dunes, les vaches les dromadaires.

Je m'amuse à me perdre et j'avance au hasard.
L'espace n'existe plus, le temps prend du retard.
Alors je regarde, j'entends ce qui m'entoure,
Constatant qu'en ville, je demeure aveugle, muet et sourd.

Déjà des animaux ont fui devant mes pas.
J'ignore l'espèce de certains, mais ce manque ne me déplait pas.
Exit les problèmes quotidiens, existe enfin l'instinct,
Je sens plus que je ne suis, je ressens plus que je ne vis.

Odeur de sous-bois, de foin et, il faut le dire, de purin,
Bruits d'oiseaux, du vent dans les blés et d'une cloche d'église, au loin.
C'est elle qui me guide vers un atoll bien caché,
Des habitations tranquilles, le calme rural préservé.

J'aperçois un homme qui sème ; Il me fait signe de la main.
Lui et la Nature s'aiment, elle le lui rend bien.
J'en croise un second, affairé entre les vaches.
En parlant de ça : pense à regarder où tu marches.

Les bêtes sont partout, autant que les cultures :
Céréales, fleurs, fruits plus ou moins mûrs.
Ici ce sont des vergers : croisements originaux ou variétés traditionnelles,
« Mangez des pommes », disait l'autre, et Carpe Diem.

Et soudain je la vois, comme surgit de terre :
Une oasis au milieu de ce désert vert.
Ce n'est pas Marly-Gomont, mais l'idée est bien là,
Une petite bourgade perdue, où la vie est calme et le restera.

Une grande famille, où tout le monde se connaît.
C'est une ambiance unique, la sympathie, la tranquillité.
On vit dehors, avec la Nature, le soir comme le matin,
On trouve même parfois encore une cabane au fond du jardin.

Les coutumes sont importantes, difficile d'éviter les clichés :
Le plus riche serait celui avec le plus gros tas de fumier.
Au milieu de la route, un fier coq chante et des poules caquètent.
Ils sont, ici, la seule et unique Jet-Set.

Dans un étant de second, j'ai traversé le village.
Moment rare et intense ; N'était-ce pas un mirage?
Le sourire aux lèvres, je regagne mon bloc d'acier.
Les bruits, les odeurs, les paysages accaparent mes pensées.

Si le voyage t'as plus n'hésite pas à le renouveler.
Si proche et si lointain, c'est une onirique réalité.
Tant qu'on ne vendra pas son âme dans un flacon,
La campagne restera un unique moyen d'évasion.

lundi 1 septembre 2008

Pour un Public...

Un slam fait pour la scène!


Pour un public...

Parfois une centaine, ils peuvent aussi n'être que quelques-uns.
Ils viennent de partout pour que se croisent nos chemins.
Tous différents, ce sont eux qui ravivent ma flamme.
C'est pour l'oreille du public que je m'adonne au slam.

Des spectateurs sont venus seuls, pour se changer les idées.
Ils ont squatté le devant de la scène: Je les vois, tout près.
Mais y'a des groupes, des bandes de potes qui viennent pour un trip,
Ils attendent des bons mots, des vannes qui remueront leurs tripes.

Ils sont ensemble depuis un moment, ils profitent de la sortie,
Et l'ont rallongée : ils étaient en ville tout l'après-midi.
Ils cherchent un refuge : le café est leur temple, la scène leur déesse.
Restez quand même pas là toute la nuit : Demain, y'a D.S.!

J'éviterais de parler des couples, les intéressés se reconnaîtront.
Suivez mon regard : Il est souvent dirigé vers le fond.
Ils veulent passer un bon moment, peut-être un peu à l'eau de rose.
J'me fais pas d'illusion: Du spectacle, ils verront pas grand chose.

Ceux-là, debout, sont des visiteurs spontanés.
Des curieux : Ils ont vu de la lumière, ils sont rentrés.
Ils restent près de la porte, attendent de se faire une opinion,
Mais s'ils aiment, la prochaine fois, ils rentreront pour de bon.

Autour de cette table, ce sont toujours les mêmes qui s'assoient.
Elle leur est réservée ; Ils y viennent 36 jours par mois.
Pas des fêtards d'un soir, c'est leur sortie habituelle.
Ils viennent sans hésiter, c'est leur thérapie, leur rituel.

Ils ne veulent pas passer à autre chose, ils viendront encore longtemps.
Rien de grave là-dedans, ce n'est pas la peur du changement.
Ils aiment tellement ça qu'ils ne veulent pas en rater une miette.
Dans le fond, ça fait plaisir de retrouver les mêmes têtes.

Dans « café-théâtre », il ne faut pas oublier le café.
Ne pas oublier ceux qui viennent avant tout se réchauffer.
Le spectacle ajoutera du sucre à leur dose de caféine,
Et allumera le feu dans les yeux de leur copine.

Il existe deux types de spectateurs antagonistes.
Le premier est, dans son genre, un véritable artiste.
Il crie, applaudit et participe vivement sans retenue.
Au moins quand il est là, on est sûr que l'ennui ne sera pas au menu.

À l'inverse, le second, reste discret, on ne le remarque pas.
Il ne fait qu'écouter. Lui, il ne la ramène pas.
Parfois la timidité, c'est aussi l'attention qui lui permet ce calme.
Il s'abreuve de tout ce qu'il entend, il s'y consacre corps et âme.

Vous pourrez tous les croiser, mais dans un café, eux, vous ne les verrez pas.
Ces gens parfois un peu snob qui ne jurent que par l'opéra.
Loin de moi l'idée de vanner l'art noble qu'on joue dans ces hauts lieux,
Plutôt l'attitude des spectateurs qui jugent que notre art n'est pas assez bien pour eux.

Pas deux ne se ressemblent, ils apportent leur différence.
Un public varié et attentif est une véritable chance.
D'une soirée, ils sont aussi les acteurs de la réussite.
C'est seulement devant leurs yeux que le rêveur devient artiste.

Confrontation

Un slam un peu spécial, un slam pour trois: En italique, les paroles d'un pessimiste. En gras, celles d'un optimiste. Et les autres, simples, pour un réaliste... Merci à Fred et Guillaume (dit "Boris") de m'avoir accompagné sur scène pour le déclamer!


Confrontation.

Fin d'après-midi, une journée de boulot s'achève.
Le week-end est encore loin, les vacances, un rêve.
Trois hommes rentrent chez eux ; Même histoire, même trajet.
La ressemblance s'arrête là, aux portes de leurs pensées.

Mon frigo est déjà vide, je suis passé dans un hyper'
J'ai à peine de quoi manger, tout est encore plus cher.
J'ai fait des sacrifices, ce soir, c'est buffet froid,
J'ose à peine imaginer la fin du mois...


Qu'est-ce que je vais me préparer? J'en salive rien qu'à l'idée.
J'ai flâné dans les rayons, que de nouveautés !
Je n'ai pas regardé la dépense, vraiment enthousiaste,
Comment être triste avec tous ces fastes?


En rentrant, j'ai fait un détour par le supermarché.
Je crois, c'est vrai, que les prix ont un peu augmenté.
Quitte à dépenser plus, autant que ce soit profitable :
Je me suis pris des articles « commerce équitable ».

Plein de pots d'échap' polluent déjà le peuple par plaisir.
Alors je rentre à pied, pour que ce soit... Moins pire.
Mais c'est long, étouffant, mauvais pour mes poumons,
La toxicité de ma cité... Je râle pas, j'exprime ma déception.


Le trajet jusqu'à chez moi est long, quel beau temps !
Alors je prends mon vélo, ça me fait gagner du temps.
Je double les voitures, je maîtrise le dédale urbain,
Vélo, boulot, dodo, et je sublime mon quotidien.


Pollution, embouteillages, la ville a ses défauts.
Mais ce n'est pas toujours simple de rentrer à pied du boulot...
Je fais un compromis entre rapidité et environnement,
Je prends les transports en commun de temps en temps.

Au coin d'une rue, sur le trottoir, j'ai croisé un exclu.
J'étais trop gêné, croiser son regard, je n'ai pas pu.
Ils sont trop nombreux, ces pauvres gens, à attendre un geste qui ne vient pas.
Mais qu'est-ce que je peux faire? J'ai déjà assez de problèmes comme ça !


J'ai vu un sans-abri, assis devant un porche.
Ma main a senti quelques pièces qui traînaient au fond de ma poche!
Je lui ai données, si vous aviez vu son sourire!
Ce n'était pas grand chose, mais toujours mieux que si c'était pire...


Même ceux qui ont un toit peuvent manquer de temps et d'argent.
Mais de là à feindre l'indifférence, ne peut-on faire autrement?
Je me vois mal faire le tour de la ville pour distribuer une somme modique. 
Mais pourquoi ne pas agir, s'impliquer en politique?

Parlons-en, de ceux-là, vraiment tous des pourris !
Je t'ai repéré, toi le pragmatique, mais là tu seras de mon avis.
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, ils l'ont bien compris,
Votons, votons! Et ça continuera de mal en pis.


Depuis ma majorité, je suis toujours allé voter.
Parfois un peu sceptique, mais l'important, c'est de participer!
Nous sommes une démocratie, on ne peut pas cracher là-dessus,
Vous préfèreriez peut-être que l'on soit gouverné par la rue?


Le système à ses défauts, mais il ne faut pas s'y arrêter.
Ce sont nos erreurs qui nous permettront de nous améliorer.
Face à la dictature, au laxisme, à l'anarchie,
Estimons nous heureux des devises de notre pays.

Je ne sais pas d'où tu sors cette confiance en l'avenir.
L'expérience, une lubie, tout va de pire en pire.
C'était bien mieux avant, et on ne peut rien y faire.
Ma position, c'est le passé, et je ne reviendrai pas en arrière.


Je ne suis pas de cet avis, il faut tourner le dos au passé.
Regardons de l'avant, pour que nos faux-pas soient effacés!
Toujours plus loin, il faut avoir confiance en l'avenir,
Le futur nous promet prospérité, paix et rires!


N'oublions pas notre passé, c'est lui qui a fait le présent.
Mais ne le regrettons pas, utilisons le à bon escient.
L'Histoire nous emprisonne, mais c'est nous qui l'écrivons 
Regardons nos erreurs pour construire l'avenir, et le bon.

Finalement, je suis rentré, et j'ai occupé la soirée à mes affaires.
C'est fou ce que le temps défile, elle a passé en un éclair.
Tout va trop vite, et dans mon lit, je ne trouve pas le sommeil.
Je pense déjà à la prochaine journée de galère qui sera pire que la veille.


Les jours, les années passent à une vitesse effrénée.
C'est exceptionnel: je n'ai jamais le temps de m'ennuyer.
Et si la nuit, je ne peux dormir, je ne me sens pas fatigué.
Je me relève et je lis un livre, pour pouvoir rêver éveillé.


Le discours qu'ils tiennent vous paraît dérisoire?
Il n'existe en effet pas que le blanc et le noir.
Dans l'aventure de nos vies, rien n'est facile, rien insurmontable.
Et je n'arrêterai pas là la morale de cette fable.
Oublier un instant le verre à moitié vide, ou à moitié plein
Pensez qu'il pourrait ne rien contenir du tout, ou alors être rempli.
La fatalité n'existe pas, vous forgerez votre destin,
Aucun des deux n'a tort, un peu de recul les aurait réunis.